Note de presse de protestation du RHEPS contre la banalisation du droit à la vie en Haïti
Le Réseau Haïtien d'Éducation et de Promotion de la Santé (RHEPS) constate depuis plusieurs mois une recrudescence des actes de banditisme se traduisant des cas de kidnapping, d'assassinat, entre autres sur le territoire national, plus particulièrement au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince.
Cette situation a déjà entraîné la mort de nombreux citoyens dont le bâtonnier Monferrier Dorval, Evelyne Sincère, Grégory Saint-Hilaire, les jeunes danseurs Sébastien Petit et Nancy Dorléan, la jeune entrepreneure Joanne Laguerre, le pasteur Quétant Jean-Philippe, pour ne citer que ceux-là. De nombreux autres, à l'image de Johnny Descollines, l'entrepreneur Wolf Hall, les docteurs Bitar et Figaro, ont été kidnappés puis relâchés contre de grosses rançons.
Le pire c'est que les auteurs et complices de ces atrocités ne sont jamais inquiétés. Ils tuent et terrorisent dans l'impunité la plus totale. Ils courent les rues et s'attribuent même des prérogatives qui reviennent aux autorités étatiques. Personne ne leur pose de questions. Les autorités concernées préfèrent s'adonner à publier des notes de sympathies. Elles préfèrent tweeter quelques caractères pour condamner et déplorer. Le droit à la vie est plus que banalisé en Haïti.
Or, ces mêmes autorités sont investies de responsabilité pour garantir le droit à la vie, à la santé, à la sécurité, entre autres, pour chaque citoyen, citoyenne telle que le dispose la Constitution. Mais aussi les conventions internationales ratifiées par Haïti.
Le droit à la santé est elle aussi bafouée en raison de la souffrance causée aux victimes et à leurs proches, mais aussi à la population qui vit constamment dans la peur. La science admet que les traumatismes, causés par les actes banditisme dans notre cas, peuvent avoir des conséquences néfastes sur la vie d'un être humain. Ces atrocités, en plus de la douleur physique et mentale causée aux victimes, peuvent générer un état d'anxiété, du stress, de la culpabilité pour les proches des victimes. Cela peut même conduire à des pensées suicidaires.
Plus globalement, même ceux qui sont exposés à ces nouvelles sont affectés. Les gens évitent même de sortir parce qu'ils ont peur d'être enlevés ou de se faire tirer dessus. Ces actes ont également des retombées négatives sur les finances des familles ou des amis qui doivent payer de fortes sommes pour racheter la liberté ou la vie de leurs proches.
Le Réseau Haïtien d'Éducation et de Promotion de la Santé entend attirer l'attention des autorités sur cet état de fait, sur la responsabilité dont elles sont investi. Les mots, les tweets, les notes de condamnation ne suffisent plus. Elles doivent prendre des mesures concrètes en vue de garantir le droit à la sécurité, à la santé, entre autres, pour tous les citoyens.
En ce sens, le RHEPS invite la Direction Générale de la Police Nationale d'Haïti à mettre tout en œuvre pour mettre hors d'état ces individus qui terrorisent la population. Quant au gouvernement de Jouthe Joseph, il doit fournir les moyens adéquats à l'institution policière pour accomplir sa mission.
Tout en sensibilisant la population à travers des campagnes sur la nécessité d'une prise en charge psychologique suite à des événements traumatisants, le Ministère de la Santé publique et de la population peut aussi constituer une cellule spéciale d'assistance psychologique afin d'aider des victimes et leurs proches qui ne disposent pas assez de moyens.